Les nouvelles se succèdent! Alors qu’on rapporte 7 féminicides en 7 semaines, voilà qu’un 8e féminicide est soupçonné! Actuellement, tout le Québec est ébranlé par l’effroyable hécatombe. À juste titre, la situation fait couler beaucoup d’encre. Dénonciation des violences conjugales, impact de la pandémie, plus de 200 recommandations à mettre rapidement en chantier, moyens financiers pour répondre aux besoins, promesses gouvernementales d’action, prise de parole du premier ministre, mobilisations citoyennes… autant de sujets pertinents pour clamer haut et fort c’est assez!
Plusieurs meurtres auront été nécessaires pour mettre en lumière l’urgence de s’attarder, de s’attaquer aux violences conjugales masculines. Souhaitons que ce sentiment d’urgence demeure omniprésent tant et aussi longtemps que des femmes craindront pour leur sécurité dans leur propre foyer; tant et aussi longtemps qu’elles hésiteront à porter plainte en raison de la lourdeur du système judiciaire, de la crainte de représailles et de la clémence des sentences; tant et aussi longtemps que des enfants continueront d’être exposé.e.s aux violences conjugales; tant et aussi longtemps que l’intervention auprès des auteurs de violences confondra détresse, impulsivité, agressivité et violences; tant et aussi longtemps que les justifications invoquées par les conjoints auteurs de violences seront cautionnées socialement; tant et aussi longtemps qu’il se trouvera dans le voisinage d’une femme assassinée par son conjoint ou ex-conjoint une personne pour témoigner de l’absence de violence au sein de ce couple dit sans histoire; tant et aussi longtemps qu’on cherchera la faille du côté de la victime plutôt que de l’agresseur; tant et aussi longtemps que les moyens ne seront pas déployés pour mieux former et outiller les professionnel.le.s issu.e.s des milieux psychomédicaux légaux; tant et aussi longtemps que l’obligation collective de protection des femmes et des enfants ne constituera pas l’objectif prioritaire commun de l’ensemble des professionnel.le.s. tant et aussi longtemps que les violences conjugales masculines ne seront pas l’affaire de toutes et de tous. Pour finir, tant et aussi longtemps que l’égalité entre les femmes et les hommes ne sera pas atteinte, nourrissons notre devoir de mémoire à l’endroit de celles qui ont payé de leur vie.
D’ici là, les maisons d’aide et d’hébergement demeurent accessibles 24 h/24, 7 jours/7, pour sauver des vies, écouter, informer, conseiller, référer, accompagner, outiller, accueillir, héberger, de façon gratuite, sécuritaire, professionnelle et confidentielle. D’ici là les refuges du Québec continuent d’offrir un toit sécuritaire à des milliers de femmes et d’enfants chaque année. D’ici là ces femmes et ces enfants trouvent dans ces milieux de vie des personnes qui leur ressemblent, de l’entraide, de la solidarité, voire de nouvelles amitiés. D’ici là, choisir de se réfugier en maison d’aide et d’hébergement, c’est s’assurer d’être crue, c’est se permettre de faire le point sur sa situation, c’est mettre en place un filet de sécurité.
D’ici là, passons d’un Québec fortement ébranlé à un Québec réellement engagé!
Monic Caron et Nancy Gough
Co-porte-parole de L’Alliance gaspésienne
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