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Chronique d'août 2024 - Sentir le vent du boulet


L’expression « sentir le vent du boulet » tire son origine du vocabulaire de l’artillerie et indique le défaut de fabrication d’un canon risquant de provoquer l’explosion de son tube. Par extension, elle signifie entrevoir un danger, se sentir près d’un drame ou parvenir à y échapper de justesse. Vous le devinez, sentir le vent du boulet sied bien aux situations de violences conjugales masculines.

 

Ces violences relèvent d’un problème social qui prend racine dans des rapports historiquement inégaux entre les femmes et les hommes, à l’avantage de ces derniers. Elles prennent la forme d’un rapport de domination dans lequel l’auteur des violences instaure et entretient son emprise sur la femme. La stratégie de l’agresseur consiste à dominer la femme. C’est lui qui dicte ce qui doit se passer et comment ça doit se passer. Toutefois, les violences s’installent de façon sournoise et subtile, ce qui les rend difficiles à discerner… le vent du boulet passe alors inaperçu. Par exemple, sous prétexte que la femme est tout pour lui, le conjoint fait en sorte qu’elle lui consacre toute son attention. Il réussit, de cette façon, à contrôler qui elle peut voir et quand elle peut entretenir des relations sociales, créant ainsi progressivement le vide autour d’elle. Puis, pour mieux y parvenir, il dit du mal des membres de sa famille ou prétend que ses ami.e.s ont une mauvaise influence sur elle, il surveille ses fréquentations, il rend les rencontres familiales ou sociales pénibles.

 

Les violences conjugales masculines se manifestent de différentes façons et s’installent le plus souvent de façon progressive. Ainsi, au contrôle social s’ajoutent les violences verbales (propos dégradants, insultes, ordres…); les violences psychologiques (dévalorisation, reproches, chantage…); les violences économiques (contrôle financier, interdiction de travailler, d’accepter une promotion...); les violences physiques (coups, morsures, brûlures…); les violences sexuelles (attouchements non désirés, relations sexuelles sous la contrainte ou la menace…). La gradation des violences fait en sorte que le seuil de tolérance de la femme augmente petit à petit. Par exemple, si les violences physiques se manifestaient en premier, la femme identifierait plus facilement leur présence… et sentirait le vent du boulet.

 

Mais parce que les violences s’installent et s’intensifient graduellement, elles finissent par s’imposer en normalité, c’est pourquoi la plupart des femmes les minimisent et ont de plus en plus de mal à prendre la mesure du danger. Exposées aux tensions, aux violences, à la peur, les femmes violentées marchent sur des œufs, cèdent aux demandes de leur conjoint pour tenter d’éviter ses sautes d’humeur, ses humiliations, ses coups. La peur cohabite avec la honte, la tristesse, le doute, la culpabilité. Cette dernière est exacerbée par les stratégies du conjoint pour que la femme se sente responsable des sévices qu’il lui inflige. Il prétend par exemple qu’elle aurait dû faire attention, qu’elle l’a cherché, qu’elle est inadéquate… une situation accablante, tant physiquement que moralement, qui rend difficile la perception du vent du boulet.

 

Madame, si la possibilité de se soustraire des violences conjugales masculines peut vous sembler insurmontable, sachez que des services gratuits, sécuritaires et confidentiels sont disponibles et accessibles, en tout temps (24h/24, 7 jours/7). Il y a une maison d’aide et d’hébergement près de chez vous. Une intervenante pourra vous aider à faire le point, que vous ayez ou non recours à l’hébergement. Pour de l’information, pour de l’aide ou pour de l’hébergement : 1 800 363-9010.

 

Monic Caron, pour L’Alliance GÎM

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Vous voulez en savoir davantage sur nos ressources, vous avez besoin d’aide, communiquez avec nous ou visitez-nous au www.alliancegaspesienne.com ou suivez-nous sur Facebook à LAlliance GÎM des maisons d’aide et d’hébergement.

 

Pour un avenir sans violence…  

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